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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/105

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plus pure que les autres et même on peut la reconnaître comme tout à fait pure, puisqu’elle n’associe aucune opinion humaine à la vérité divine. Mais comme, du reste, chaque communion religieuse a absolument la même prétention à une pureté parfaite de foi et de doctrine, il ne nous convient pas de juger les autres, mais il faut abandonner le jugement définitif à l’Esprit de Dieu qui gouverne les Églises. —

Tel est le sentiment de Mgr Philarète, et la meilleure partie du clergé russe pense comme lui. Ce qu’il y a de large et de conciliant dans cette manière de voir ne peut pas en couvrir les défauts essentiels. Le principe d’unité et d’universalité dans l’Église n’est rattaché ici qu’au fond commun de la foi chrétienne (le dogme de l’Incarnation). Mais cette foi vraiment fondamentale en Jésus-Christ, l’Homme-Dieu, n’est pas considérée comme le germe vivant et fécond d’un développement ultérieur : le théologien moscovite veut y voir l’unité définitive du monde chrétien et la seule qu’il croie nécessaire. Il se contente de faire abstraction des différences actuelles dans la religion chrétienne et se déclare satisfait de l’unité purement théorique qu’il obtient de cette manière. C’est l’unité de l’indifférence large, mais vide, ne supposant aucun lien organique et ne demandant aucune communauté effective entre les Églises particulières. L’Église Universelle est réduite à un être de raison.