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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/127

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à l’orthodoxie, si elle embrasse une autre religion, même chrétienne, est inculpée de crime et doit être jugée par les tribunaux au même rang que les faux monnayeurs et les voleurs de grands chemins. Celui qui sans employer aucun moyen de contrainte et de violence, par la persuasion seule a amené quelqu’un à abandonner l’Église dominante est privé des droits civils et déporté en Sibérie ou jeté en prison.

Cette sévérité n’est pas lettre morte chez nous ; et Aksakov a eu occasion de la constater à propos d’une persécution cruelle contre une secte protestante dans la Russie méridionale.

« Supprimer par la prison la soif spirituelle quand on n’a rien pour la satisfaire ; répondre par la prison au besoin sincère de la foi, aux questions de la pensée religieuse qui s’éveille ; prouver par la prison la vérité de l’orthodoxie — c’est saper par la base toute notre religion et rendre les armes au protestantisme victorieux. Avec de tels moyens de défense, avec de tels procédés pour établir la vérité orthodoxe, le zèle des pasteurs devenu superflu s’évanouit bientôt, tout feu sacré doit s’éteindre. Les prescriptions sévères des chefs ecclésiastiques qui, sous peine d’amende, obligent le clergé à fonder des écoles ne pourront jamais établir une véritable instruction religieuse du peuple et même — mais ne sommes-nous pas trop sceptiques ? — même l’oukaze récent qui accorde aux prêtres travaillant dans le domaine de l’éducation populaire le droit