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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/128

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à la croix de Sainte-Anne du 3e degré et à la dignité de chevalier sera insuffisant pour susciter de nouveaux apôtres[1]. »

Et cependant il se trouve que les lois pénales sont absolument indispensables pour conserver « l’Église dominante ».

Les défenseurs les plus sincères de cette Église (par exemple l’historien Pogodine, cité par notre auteur) avouent que la liberté religieuse une fois admise en Russie, la moitié des paysans passeront au rasskol et la moitié du grand monde (les femmes en particulier) deviendront catholiques. Que signifie un aveu semblable ? demande Aksakov : « Que la moitié des membres de l’Église orthodoxe ne lui appartiennent qu’en apparence ; qu’ils ne sont retenus dans son sein que par la crainte des peines temporelles. Tel est donc l’état actuel de notre Église ! Un état indigne, affligeant et affreux. Quelle surabondance de sacrilège dans l’enceinte sacrée, de l’hypocrisie qui remplace la vérité, de la terreur au lieu de l’amour, de la corruption sous l’apparence d’un ordre extérieur, de la mauvaise foi dans la défense violente de la vraie foi, — quelle négation, dans l’Église même, des principes vitaux de l’Église, de toute sa raison d’être, — le mensonge et l’incrédulité là où tout doit vivre, être et se mouvoir par la vérité et la foi… Cependant

  1. Aksakov, ibid., 72.