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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/137

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triarcat de Constantinople a été deux fois sur le point d’anathématiser l’Église russe[1]. Des considérations purement matérielles ont seules empêché cet éclat : l’Église grecque de Jérusalem, qui de fait est complètement assujettie à celle de Constantinople, dépend d’un autre côté, pour ses moyens d’existence, presque exclusivement de la piété russe. Cette dépendance matérielle dans laquelle le clergé grec se trouve par rapport à la Russie date de très loin et constitue actuellement la seule base réelle de l’unité gréco-russe. Il est évident que ce lien purement extérieur n’est pas de nature à transformer les deux Églises en un seul corps moral doué d’une unité de vie et d’action.

On sera encore confirmé dans cette conclusion, si l’on prend en considération les Églises nationales de moindre importance qui, étant sous la juridiction du patriarche de Constantinople, faisaient autrefois partie de l’Église grecque et devenaient autocéphales à mesure que les petits États correspondants recouvraient leur indépendance politique. Les rapports de ces prétendues Églises entre elles, avec la métropole byzantine et avec l’Église russe, sont à peu près nuls. Même des relations purement officielles et de convenance comme celles qui se

  1. En 1872, quand le synode de Saint-Pétersbourg refusa de s’associer explicitement aux décisions du concile grec qui a excommunié les Bulgares, et en 1884, quand le gouvernement russe sollicita la Porte de nommer deux évêques bulgares dans des diocèses que les Grecs considèrent comme leur appartenant sans partage.