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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/138

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maintiennent entre Saint-Pétersbourg et Constantinople ne se sont pas établies — que je sache — entre la Russie et les nouvelles Églises autocéphales de la Roumanie et du royaume hellénique. C’est pire encore pour la Bulgarie et la Serbie. On sait que les patriarches grecs ont, avec l’assentiment du synode d’Athènes, excommunié, en 1872, tout le peuple bulgare pour des motifs de politique nationale.

Les Bulgares ont été condamnés pour leur phylétisme, c’est-à-dire la tendance à soumettre l’Église aux divisions de race et de nationalité. L’accusation était vraie ; mais ce phylétisme, qui était une hérésie chez les Bulgares, était l’orthodoxie même chez les Grecs.

L’Église russe, tout en sympathisant avec les Bulgares, voulait se mettre au-dessus de cette querelle nationale. Elle aurait dû pour cela parler au nom de l’Église Universelle ; mais comme ce droit appartenait aux Russes aussi peu qu’aux Grecs, le Synode de Saint-Pétersbourg, au lieu d’une déclaration nette, se contenta de bouder la hiérarchie byzantine et, ayant reçu les décisions du concile de 1872 avec l’invitation de les approuver, elle s’abstint de dire oui ou non. De là naquit un état de choses qui n’avait pas été prévu ou, pour mieux dire, qu’on avait jugé impossible selon les canons ecclésiastiques. L’Église russe est restée en communion formelle avec l’Église grecque et en communion réelle avec l’Église bulgare sans avoir protesté