Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/139

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explicitement contre l’acte canonique d’excommunication qui a séparé ces deux Églises et sans en appeler — ne fût-ce que pour la forme — à un concile œcuménique. Une complication du même genre eut lieu avec la Serbie. Quand le gouvernement athée de ce petit royaume publia des lois ecclésiastiques qui établissaient la hiérarchie de l’Église serbe sur la simonie rendue obligatoire (puisque toutes les dignités sacrées devaient être achetées à une taxe déterminée) et quand, après la déposition arbitraire du métropolite Michel et des autres évêques, on créa, au mépris des lois canoniques, une nouvelle hiérarchie, celle-ci, formellement rejetée par l’Église Russe, acheta en revanche l’adhésion du patriarche de Constantinople. Pour cette fois, ce fut « la grande Église » qui se trouva être en communion avec deux Églises qui ne l’étaient pas entre elles. — Faut-il ajouter encore que toutes ces Églises nationales ne sont que des Églises d’État absolument privées de toute espèce de liberté ecclésiastique ? On devine aisément l’influence néfaste que cet abaissement de l’Église peut exercer sur la religion elle-même dans ces malheureuses contrées. L’indifférence religieuse des Serbes est assez connue ainsi que leur manie d’employer l’orthodoxie comme un instrument politique dans leur lutte fratricide contre les Croates catholiques[1]. Quant

  1. Pour ne citer à ce sujet qu’un écrivain slavophile qui a longtemps-