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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/141

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CHAPITRE IX.


UNE PROPHÉTIE ACCOMPLIE. – CRITIQUE DU CÉSARO-PAPISME


Un ami d’Aksakov et comme lui membre éminent du parti ou cercle slavophile, George Samarine[1], écrivait dans une lettre particulière à propos du concile du Vatican : « L’absolutisme papal n’a pas tué la vitalité du clergé catholique, — ceci doit nous faire réfléchir, car un jour ou l’autre on proclamera chez nous l’infaillibilité du tsar, autrement dit, celle du procureur du Saint-Synode, car le tsar n’y sera pour rien….. Ce jour là se trouvera-t-il chez nous un seul évêque, un seul moine, un seul prêtre pour protester ! J’en doute. Si quelqu’un-

  1. Disciple fervent de Khomiakof, dont il n’avait pas les qualités brillantes, mais auquel il était supérieur par la science et l’esprit critique, Youry (George) Fedorovitch Samarine († 1876) a bien mérité de la Russie en prenant une part très active à l’émancipation des serfs en 1861. En dehors de cela son intelligence cultivée et son talent remarquable sont restés (comme il arrive souvent en Russie) à peu près stériles. Il n’a pas laissé d’ouvrages considérables et s’est signalé, comme écrivain, surtout par des polémiques de parti pris contre les Jésuites et les Allemands des provinces Baltiques. La lettre que nous citons était adressée à une dame russe (Mme A.-O. Smirnov) et datée du 10/22 décembre 1871.