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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/142

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qu’un proteste ce sera un laïque, votre serviteur, et Ivan Sergueïevitch (Aksakov), si nous sommes de ce monde alors. Quant à notre malheureux clergé, que vous trouvez plus malheureux que coupable (et vous avez peut-être raison), il sera muet ».

Je suis heureux de recueillir ces paroles, car je ne connais pas beaucoup de prophéties de ce genre qui se soient réalisées d’une manière aussi exacte. La proclamation de l’absolutisme césaro-papiste en Russie, le silence profond et la soumission complète du clergé, enfin la protestation isolée d’un laïque, tout cela s’est passé comme Samarine l’avait prévu.

En 1885, un document officiel émanant du gouvernement russe[1], déclarait que l’Église Orientale a renoncé à son pouvoir et l’a remis entre les mains du tsar. Peu de personnes ont remarqué cette manifestation. Samarine était mort depuis des années. Aksakov n’avait plus que quelques mois à vivre ; il publia cependant dans son journal (la « Rouss » ) la protestation d’un écrivain laïque qui n’appartenait pas, du reste, au groupe slavophile. Cette protestation unique n’ayant été ni autorisée ni soutenue par aucun représentant de l’Église, ne faisait que mieux ressortir par son isolement l’état déplorable de la religion en Russie[2]. D’ailleurs, le manifeste

  1. Règles des examens d’État pour la faculté des droits.
  2. Note pour les lecteurs russes. Je n’ai pas signé l’article en question ( « Philosophie d’État dans les programmes de l’Univer-