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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/143

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césaro-papiste des bureaucrates pétersbourgeois n’était que l’aveu formel d’un fait accompli. On ne saurait nier que l’Église Orientale n’ait vraiment abdiqué son pouvoir en faveur du pouvoir séculier ; on se demande seulement si elle avait le droit de le faire et si, après l’avoir fait, elle pouvait encore représenter Celui à qui tous les pouvoirs ont été donnés dans les cieux et sur la terre. On aura beau tourmenter les textes évangéliques relatifs aux pouvoirs éternels que Jésus-Christ a légués à son Église, on n’y trouvera jamais le droit de se démettre de ces pouvoirs entre les mains d’une puissance temporelle. La puissance qui prétendrait remplacer l’Église dans sa mission terrestre devrait au moins avoir reçu les mêmes promesses de stabilité.

Nous ne croyons pas que nos hiérarques aient renoncé volontairement et de propos délibéré à leur pouvoir ecclésiastique. Mais si l’Église Orientale a perdu, par suite des événements, ce qui lui appartenait de droit divin, il est évident que les portes de l’enfer ont prévalu contre elle et que, par conséquent, elle n’est pas l’Église inébranlable fondée par le Christ.

    sité », Rouss, septembre 1885), parce que je croyais y exprimer le sentiment général de la société russe. C’était une illusion, et je puis maintenant revendiquer mon droit exclusif à cette vox clamantis in deserto. Il ne faut pas oublier du reste qu’en dehors de ce qu’on appelle la société, il y a en Russie douze à quinze millions de dissidents qui n’ont pas attendu l’année 1885 pour protester contre le césaro-papisme moscovite et pétersbourgeois.