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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/144

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Nous ne voulons pas non plus rendre le gouvernement séculier responsable de la situation anormale de l’Église vis-à-vis de l’État. Ce dernier a eu raison de maintenir son indépendance et sa suprématie à l’égard d’un pouvoir spirituel qui ne représentait qu’une Église particulière et nationale séparée de la grande communauté chrétienne. En affirmant que l’État doit se soumettre à l’Église, on ne peut entendre que l’Église établie par Dieu une, indivisible et universelle.

Le gouvernement d’une Église nationale séparée n’est qu’une institution historique et purement humaine. Mais le chef de l’État est le représentant légitime de la nation comme telle, et un clergé qui veut être national et rien que national doit, bon gré, mal gré, reconnaître la souveraineté absolue du gouvernement séculier. La sphère de l’existence nationale ne peut avoir en elle-même qu’un seul et unique centre, le chef de l’État. L’épiscopat d’une Église particulière ne peut, par rapport à l’État, prétendre à la souveraineté du pouvoir apostolique qu’en rattachant réellement la nation au Royaume Universel ou international du Christ. Une Église nationale, si elle ne veut pas se soumettre à l’absolutisme de l’État, c’est-à-dire cesser d’être Église pour devenir un département de l’administration civile, doit nécessairement avoir un appui réel en dehors de l’État et de la nation ; attachée à celle-ci par des liens naturels et historiques, elle doit, en