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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/145

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même temps, appartenir en sa qualité d’Église à un cercle social plus vaste, avec un centre indépendant et une organisation universelle dont l’Église locale ne peut être qu’un organe particulier.

Les chefs de l’Église russe ne pouvaient, pour résister à l’absolutisme absorbant de l’État, s’appuyer sur leur métropole religieuse qui n’était elle-même qu’une Église nationale depuis longtemps assujettie au pouvoir séculier. Ce n’est pas la liberté ecclésiastique, c’est le césaro-papisme qui nous est venu de Byzance où ce principe antichrétien se développa sans obstacles depuis le IXe siècle. La hiérarchie grecque, en rejetant elle-même le puissant appui qu’elle trouvait auparavant dans le centre indépendant de l’Église Universelle, se vit abandonnée complètement à la merci de l’État et de son autocrate. Avant le schisme, chaque fois que les empereurs grecs envahissaient le domaine spirituel et menaçaient la liberté de l’Église, les représentants de celle-ci, — soit saint Jean Chrysostome, soit saint Flavien, soit saint Maxime le Confesseur, soit saint Théodore le Studite, soit le patriarche saint Ignace, — se tournaient vers le centre international de la chrétienté, recouraient à l’arbitrage du Souverain Pontife, et s’ils succombaient eux-mêmes, victimes de la force brutale, leur cause, la cause de la vérité, de la justice et de la liberté, ne manquait jamais de trouver à Rome un soutien inébranlable qui lui assurait le triomphe définitif.