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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/146

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L’Église grecque, dans ces temps-là, était et se sentait une partie vivante de l’Église Universelle, intimement liée au grand tout par le centre commun de l’unité — la chaire apostolique de Pierre. Ces rapports de dépendance salutaire envers un successeur des apôtres suprêmes, envers un pontife de Dieu, ces rapports purement spirituels, légitimes et pleins de dignité, furent remplacés par un assujettissement profane, illégal et humiliant au pouvoir de simples laïques et d’infidèles.

Il ne s’agit pas ici d’un accident historique, mais de la logique des choses, qui enlève nécessairement à toute Église purement nationale son indépendance et sa dignité et la met sous le joug plus ou moins pesant, mais toujours déshonorant, de la puissance temporelle.

Dans tout pays réduit à une Église nationale, le gouvernement séculier (qu’il soit autocratique ou constitutionnel) jouit de la plénitude absolue de toute autorité ; et l’institution ecclésiastique ne figure que comme un ministère spécial dépendant de l’administration générale de l’État. L’État national est ici un corps réel et complet, existant par soi et pour soi, et l’Église n’est qu’une partie, ou pour mieux dire un certain côté de cet organisme social du tout politique et n’existant pour soi que dans l’abstraction.

Cette servitude de l’Église est incompatible avec sa dignité spirituelle, avec son origine divine, avec