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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/164

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velle dispensation, à être reconnu par un acte libre de l’humanité. Mais il faut en même temps que cet acte libre soit absolument dans le vrai, qu’il soit infaillible. Il s’agit donc de fonder dans l’humanité déchue un point fixe et inébranlable sur lequel l’action édificatrice de Dieu puisse s’appuyer immédiatement un point où la spontanéité humaine coïnciderait avec la Vérité divine dans un acte synthétique, purement humain quant à la forme et divinement infaillible pour le fond.

Dans la production de l’humanité physique et individuelle du Christ, l’acte de la toute-puissance divine n’exigeait pour son efficacité qu’une adhésion éminemment passive et réceptive de la nature féminine dans la personne de la Vierge Immaculée : l’édification de l’humanité sociale ou collective du Christ, de son corps universel (l’Église) demande moins et en même temps plus que cela. Moins — parce que la base humaine de l’Église n’a pas besoin d’être représentée par une personne absolument pure et immaculée, car il ne s’agit pas ici de créer un rapport substantiel et individuel ou une union hypostatique et complète des deux natures, mais seulement de fonder une conjonction actuelle et morale. Mais si ce lien nouveau (le lien entre le Christ et l’Église) est moins profond et moins intime que le précédent (celui entre le Verbe divin et la nature humaine dans la sein de la Vierge Immaculée), il est plus positif — humainement parlant