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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/166

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l’humanité ne peut pas entrer en rapport avec Dieu par le suffrage universel, l’Église du Christ ne peut pas être fondée sur la démocratie.

L’affirmation humaine de la vérité divine ne se trouvant pas au moyen du suffrage universel, Jésus-Christ s’adresse à ses élus, au collège des apôtres, à ce concile œcuménique primordial : Vos autem quem me esse dicitis — et vous pour qui me prenez-vous ? Mais les apôtres se taisent. Quand il s’agissait tout à l’heure de présenter les opinions humaines les douze ont parlé tous ensemble : pourquoi laissent-ils la parole à un seul quand il s’agit d’affirmer la vérité divine ? Peut-être ne sont-ils pas tout à fait d’accord entre eux. Peut-être Philippe n’aperçoit-il pas bien le rapport essentiel entre Jésus et le Père céleste, peut-être Thomas a-t-il des doutes sur la puissance messianique de son maître ? Le dernier chapitre de saint Mathieu nous apprend que même sur la montagne de la Galilée où ils furent appelés par Jésus ressuscité, les apôtres ne se sont pas montrés unanimes et fermes dans leur foi : quidam autem dubitaverunt. (Math., XXVIII, 17.)

Pour que le concile témoigne unanimement de la vérité pure et simple il faut que le concile soit concilié. L’acte décisif doit être un acte absolument individuel, l’acte d’un seul. Ce n’est ni la foule des croyants ni le concile apostolique, c’est Simon bar Jonâ tout seul qui répond à Jésus. Respondens