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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/167

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Simon Petrus dixit : Tu es Filius Dei vivi. Il répond pour tous les apôtres, mais il parle de son propre chef sans les consulter, sans attendre leur assentiment. Quand les apôtres avaient tout à l’heure répété les opinions de la foule qui suivait Jésus ils n’avaient répété que des erreurs ; si Simon n’avait voulu exprimer que les opinions des apôtres eux-mêmes peut-être n’aurait-il pas atteint la vérité pure et simple. Mais il a suivi l’impulsion de son esprit, la voix de sa propre conscience ; et Jésus en l’approuvant solennellement déclare que ce mouvement, tout individuel qu’il fût, provenait cependant du Père céleste, c’est-à-dire que c’était un acte humain et divin à la fois, une véritable conjonction entre l’Être absolu et le sujet relatif.

Le point ferme, la roche ou la pierre inébranlable pour y appuyer l’opération divino-humaine est trouvé. Un seul homme qui, assisté par Dieu, répond pour tout le monde, voici la base constitutive de l’Église universelle. Elle n’est fixée ni dans l’unanimité impossible de tous les croyants, ni dans l’accord toujours douteux d’un concile, mais dans l’unité réelle et vivante du prince des apôtres. Et, dans la suite, chaque fois que la question de la vérité sera posée devant l’humanité chrétienne, ce n’est ni du suffrage universel ni du conseil des élus qu’elle recevra sa solution déterminée et décisive. Les opinions arbitraires des hommes ne feront naître que des hérésies ; et la hiérarchie décentra-