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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/175

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central et souverain de l’Église Universelle auraient une valeur fort médiocre à nos propres yeux s’ils n’étaient que des raisonnements. Mais ils tiennent à un fait divino-humain qui s’impose à la foi chrétienne en dépit de toutes les interprétations artificielles par lesquelles on voudrait le supprimer.

Notre tâche n’est pas d’exposer la nécessité abstraite d’une institution qui a reçu du Christ une actualité vivante.

Quand les théologiens orientaux nous démontrent la nécessité de l’ordre hiérarchique dans l’Église en général, leurs arguments ne sauraient nous convaincre sans le fait évangélique primitif : — le choix des douze apôtres pour l’instruction de tous les peuples jusqu’à la fin des siècles. De même quand nous voulons prouver la nécessité d’un centre indivisible de la hiérarchie elle-même, c’est le fait de l’élection spéciale de Pierre pour servir de point d’appui humain à la vérité divine dans sa lutte perpétuelle contre les portes de l’enfer, — c’est le fait de cette élection unique qui donne une base inébranlable à tous nos raisonnements.

Si l’on entend par Église la réunion parfaite de l’humanité avec Dieu, le règne absolu de l’amour et de la vérité, on ne peut admettre dans l’Église aucun pouvoir et aucune autorité. Tous les membres de ce Royaume Céleste sont des