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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/176

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prêtres et des rois absolument égaux entre eux sous ce rapport, et le seul et unique centre d’unité est ici Jésus-Christ Lui-même. Mais ce n’est pas dans ce sens-là que nous parlons de l’Église puisque ce n’est pas dans ce sens-là que le Christ en a parlé. L’Église parfaite, l’Église triomphante, le règne de la gloire supposent la puissance du mal et les portes de l’Enfer définitivement supprimées, et c’est cependant pour combattre les portes de l’Enfer que le Christ édifie son Église visible et c’est pour cette fin qu’il lui donne un centre d’unité humain et terrestre quoique toujours assisté de Dieu.

Si l’on ne veut pas tomber dans les extrêmes opposés d’un matérialisme aveugle ou d’un idéalisme impuissant, on est forcé d’admettre que les besoins de la réalité et les exigences de l’idéal s’accordent et vont ensemble dans l’ordre établi par Dieu. Pour représenter dans l’Église le principe idéal de l’humanité et de la concorde, Jésus-Christ institue, comme type originel du gouvernement conciliaire, le collège ou le concile primordial des douze apôtres égaux entre eux et unis par l’amour fraternel. Pour qu’une telle unité idéale puisse être réalisée dans tous les lieux et dans tous les temps ; pour que le concile des chefs ecclésiastiques puisse partout et toujours triompher de la discorde et faire aboutir la variété des opinions privées à l’uniformité des décrets publics ; pour