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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/177

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que les débats puissent finir et l’unité de l’Église se manifester réellement, pour ne pas exposer cette unité aux accidents des conventions humaines, — pour ne pas édifier Son Église sur ce sable mouvant, l’Architecte divin découvre la Pierre solide, la Roche inébranlable de la monarchie ecclésiastique et Il fixe l’idéal de l’unanimité en le rattachant à un pouvoir réel et vivant.

La pierre de l’Église, nous dit-on, c’est le Christ — vérité qui n’a jamais été contestée par aucun chrétien. Mais il ne serait guère raisonnable — s’il était sincère — le zèle de ceux qui, pour défendre le Christ d’une injure imaginaire, s’obstinent à méconnaître sa volonté réelle et à renier l’ordre qu’il a établi avec tant d’évidence. Car Il a non seulement déclaré que la pierre de Son Église est Simon, l’un de ses apôtres, mais pour nous imposer avec plus de force cette nouvelle vérité, pour la rendre plus expressive et plus évidente, Il fait de cette vocation — d’être la pierre de l’Église — le nom propre et permanent de Simon.

Voilà donc deux vérités également incontestables : le Christ est la pierre de l’Église, et Simon bâr Jonâ est la pierre de l’Église. Si c’est une contradiction, elle ne s’arrête pas ici. Car nous voyons ce même Simon-Pierre, qui seul a reçu du Christ cet attribut exceptionnel, proclamer cependant dans une de ses épîtres que tous les croyants sont des pierres vivantes de l’édifice divino-humain