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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/178

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(prima Petri, II, 4, 5). La pierre unique de l’Église — c’est Jésus ; mais, si nous en croyons Jésus, la pierre par excellence de son Église — c’est le coryphée des apôtres ; et si nous voulons en croire celui-ci, la pierre de l’Église — c’est chaque vrai croyant.

À la contradiction apparente de ces trois vérités, nous n’avons qu’à opposer leur accord réel et logique. Jésus-Christ, la seule pierre du Royaume de Dieu dans l’ordre purement religieux ou mystique, pose le prince des apôtres et son pouvoir permanent comme la pierre fondamentale de l’Église dans l’ordre social, pour la communauté des chrétiens ; et chaque membre de cette communauté, unie au Christ et demeurant dans l’ordre par Lui établi, devient un élément individuel constitutif, une pierre vivante de cette Église — qui a Jésus-Christ comme fondement mystique et (actuellement) invisible et le pouvoir monarchique de Pierre comme fondement social et visible. La distinction essentielle de ces trois termes ne fait que mieux ressortir leur union intime dans l’existence réelle de l’Église qui ne saurait se passer ni du Christ, ni de Pierre, ni de la multitude des fidèles. Pour voir dans l’idée de ce triple rapport une contradiction quelconque, il faut l’y mettre d’avance en prêtant aux trois termes fondamentaux un sens absolu et exclusif qui ne leur est nullement propre.