Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/191

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puisse unifier toutes les autres. Il faut que chacun puisse s’unir effectivement à l’ensemble du genre humain (manifester positivement son amour envers l’Église) en rattachant sa volonté à une volonté unique non moins réelle et vivante que la sienne, mais en même temps universelle et à laquelle toutes les autres volontés doivent être également soumises. Mais on ne peut admettre une volonté sans celui qui veut et qui manifeste son vouloir ; et tant que tous ne sont pas immédiatement un, force nous est de nous unir à tous dans la personne d’un seul pour pouvoir participer à la vraie foi universelle.

Puisque chaque homme en particulier ne peut, pas plus que l’humanité entière dans son état naturel de division, être le sujet propre de la foi universelle, il faut que cette foi soit manifestée par un seul qui représente l’unité de tous. Chacun, en prenant cette foi vraiment universelle pour règle de sa propre foi, produit par là un acte réel de soumission ou d’amour envers l’Église, — acte qui le rend conforme à la vérité universelle révélée à l’Église. En aimant tous dans un seul (puisqu’on ne peut pas les aimer autrement), chacun participe à la foi de tous déterminée par la foi divinement assistée d’un seul ; et ce lien permanent, cette unité si large et cependant si ferme, si vivante et cependant si immuable, fait de l’Église Universelle un être moral collectif, une société véritable, beaucoup plus vaste et plus compliquée mais non moins réelle