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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/21

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fraternel — c’est là sans doute la volonté définitive de Dieu, le but de son œuvre ; mais dans la réalité historique — comme dans l’oraison dominicale — l’accomplissement de la volonté divine sur la terre n’a lieu qu’après la sanctification du nom de Dieu et l’avènement de son Royaume. Le nom de Dieu, — c’est la vérité ; et son Royaume, — c’est la justice. Le triomphe de la charité évangélique dans la société humaine a donc pour conditions la connaissance de la vérité et la pratique de la justice.

En vérité, tous sont un ; et Dieu — l’unité absolue — est tout dans tous. Mais cette unité divine est cachée à nos regards par le monde du mal et de l’illusion — conséquence du péché de l’homme universel. La loi de ce monde est la division et l’isolement des parties du Grand Tout ; et l’humanité elle-même, qui devait être la raison unifiante de l’univers matériel, s’est trouvée fractionnée et dispersée sur la terre et n’a pu parvenir par ses propres efforts qu’à une unité partielle et instable (la monarchie universelle du paganisme). Cette monarchie, représentée d’abord par Tibère et par Néron, reçut son vrai principe unifiant quand « la grâce et la vérité » furent manifestées par Jésus-Christ. Rattaché à Dieu, le genre humain retrouva son unité. Pour être complète, cette unité devait être triple : elle devait réaliser sa perfection idéale sur la