Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/22

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base d’un fait divin et dans le milieu de la vie humaine. Puisque l’humanité est réellement séparée de l’unité divine, il faut que cette unité nous soit donnée d’abord comme un objet réel qui ne dépend pas de nous-mêmes — le Royaume de Dieu qui vient à nous, l’Église extérieure et objective. Mais, une fois rattachée à cette unité extrinsèque, l’humanité doit la traduire en action, l’assimiler par son propre travail — le Royaume de Dieu est à prendre par force ; et ceux qui font des efforts le possèdent. Manifesté d’abord pour nous et puis par nous, le Royaume de Dieu doit enfin se révéler en nous avec toute sa perfection intrinsèque et absolue, comme amour, paix et joie dans l’Esprit-Saint.

Ainsi l’Église Universelle (dans le sens large du mot) se développe comme une triple union divino-humaine : il y a l’union sacerdotale, où l’élément divin, absolu et immuable domine et forme l’Église proprement dite — le Temple de Dieu ; il y a l’union royale, où domine l’élément humain et qui forme l’État chrétien (Église, comme corps vivant de Dieu) ; il y a enfin l’union prophétique, où le divin et l’humain doivent se pénétrer dans une conjonction libre et réciproque, en formant la société chrétienne parfaite (Église, comme Épouse de Dieu).

La base morale de l’union sacerdotale ou de l’Église proprement dite est la foi et la piété ; l’union royale de