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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/226

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préjugé catholique, David Strauss, le chef bien connu de l’école critique allemande, s’est trouvé forcé de défendre la primauté de Pierre contre les polémistes protestants qu’il accuse de parti pris[1]. En ce qui regarde les représentants de l’orthodoxie orientale nous ne pouvons mieux faire que de citer encore une fois notre théologien unique, Philarète, de Moscou. Pour lui, la primauté de Pierre est « claire et évidente[2] ». Après avoir rappelé que Pierre a reçu du Christ la mission spéciale de confirmer ses frères (Luc, XXII, 32), c’est-à-dire les autres apôtres, l’éminent hiérarque russe continue en ces termes : « En effet, quoique la résurrection du Seigneur eût été révélée aux femmes myrophores, cela n’a pas confirmé les apôtres dans leur foi en icelle (Luc, XXIV, 11). Mais quand le Ressuscité fut apparu à Pierre, les autres apôtres, même avant l’apparition commune à eux tous, dirent avec fermeté : « En vérité le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon » (Luc, XXIV, 34). Enfin s’agit-il de remplir le vide laissé dans le chœur apostolique par l’apostasie de Judas, — c’est Pierre qui le premier le remarque et prend une décision. Faut-il, immédiatement après la descente du Saint-Esprit, inaugurer solennellement la prédication évangé-

  1. Vie de Jésus, trad. Littré. Paris, 1839, t. I, IIe partie, p. 584, cf. p. 378.
  2. Sermons et Discours de Philarète, métropolite de Moscou, 1873, ssq. t. II, p. 214.