Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

verain pontife »[1]. Mais ce n’est pas du pouvoir exécutif seulement qu’il s’agissait ; le même écrivain un peu plus loin fait l’aveu suivant : « Tertullien et Cyprien paraissent saluer dans l’Église de Rome l’Église principale et, dans une certaine mesure, gardienne et régulatrice de la foi et des pures traditions.[2] »

Le pouvoir monarchique de l’Église Universelle n’était qu’un germe à peine perceptible, mais plein de vie, dans le christianisme primitif ; au IIe siècle ce germe s’est développé d’une manière visible comme en témoignent les actes du pape Victor ; au IIIe ceux des papes Étienne et saint Denys, et au IVe ceux du pape Jules Ier. Au siècle suivant nous voyons déjà cette autorité suprême et ce pouvoir monarchique de l’Église romaine s’élever comme un arbuste vigoureux — avec le pape saint Léon Ier ; et enfin vers le IXe siècle la papauté est déjà l’arbre majestueux et puissant qui couvre l’univers chrétien de l’ombre de ses branches.

C’est là le grand fait, le fait principal, la manifestation et l’accomplissement historique de la parole divine : Tu es Pierre, etc. Ce fait général s’est produit de droit divin, tandis que les faits particuliers concernant la transmission du pouvoir souverain, l’élection papale, etc., tiennent au côté purement humain

  1. B. Aubé. Les chrétiens dans l’Empire Romain, de la fin des Antonins au milieu du IIIe siècle, p. 69.
  2. Ibid., p. 146.