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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/235

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de l’Église et ne présentent qu’un intérêt tout à fait secondaire au point de vue religieux. — Ici encore l’Empire romain, qui préfigurait dans un certain sens l’Église romaine, peut nous fournir une comparaison. Rome étant le centre incontestable de l’Empire, l’homme proclamé Empereur à Rome était immédiatement reconnu par l’univers entier qui ne demandait pas si c’était le Sénat, les prétoriens ou les vœux de la plèbe qui l’avaient porté au pouvoir suprême. Dans des cas exceptionnels, quand l’Empereur était élu en dehors de Rome par les légions, son premier soin était d’aller dans la ville impériale sans l’adhésion de laquelle son élection n’était regardée par tout le monde que comme provisoire. — La Rome des papes devint pour la chrétienté universelle ce que la Rome des Césars était pour l’univers païen. L’évêque de Rome était par cette qualité même le souverain pasteur et docteur de l’Église entière, et personne n’avait à se préoccuper du mode de son élection qui dépendait des circonstances et du milieu historique. En général, on n’avait pas plus de motifs pour douter de la légitimité de l’élection dans le cas de l’évêque de Rome que dans le cas de tout autre évêque. Et l’élection épiscopale une fois reconnue, le chef de l’Église centrale, occupant la chaire de saint Pierre, possédait eo ipso tous les droits et tous les pouvoirs rattachés par le Christ à la pierre de l’Église. Il y eut des cas exceptionnels où l’élection pouvait être dou-