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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/236

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et l’histoire a connu des antipapes. De faux Démétrius et de faux Pierre III n’enlèvent rien à l’autorité légitime de la monarchie russe ; de même les antipapes ne peuvent fournir aucune objection contre la papauté. Tout ce qui peut paraître anormal dans l’histoire de l’Église appartient aux espèces humaines et non à la substance divine de la société religieuse. S’il a pu arriver qu’on employât un vin falsifié et même empoisonné pour le sacrement de l’eucharistie, ce sacrilège portait-il la plus légère atteinte au sacrement lui-même ?

En professant que l’évêque de Rome est le véritable successeur de saint Pierre et — comme tel — la pierre inébranlable de l’Église et le porte-clef du Royaume des cieux, nous faisons abstraction de la question si le prince des apôtres a été corporellement à Rome. Le fait est attesté par la tradition de l’Église, tant orientale qu’occidentale, et nous n’avons personnellement aucun doute à ce sujet. Mais s’il se trouve des chrétiens de bonne foi plus sensibles que nous aux raisons apparentes des savants protestants, nous n’avons pas à discuter cette question avec eux. En admettant même que saint Pierre ne soit jamais allé corporellement à Rome, on peut au point de vue religieux affirmer une transmission spirituelle et mystique de son pouvoir souverain à l’évêque de la ville éternelle. L’histoire du christianisme primitif nous présente un exemple éclatant d’un rapport analogue. Saint Paul ne se