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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/253

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consenti en la souscrivant et qui a été confirmée par l’autorité du siège apostolique[1]. »

On ne saurait mieux formuler le principe constitutif du gouvernement ecclésiastique qu’en y distinguant, comme le fait saint Léon, l’autorité qui confirme de la charité qui consent. Ce n’est certes pas une primauté d’honneur que revendique le Pape par ces paroles. Bien loin de là, saint Léon admettait parfaitement l’égalité d’honneur entre tous les évêques ; à ce point de vue, tous étaient pour lui des frères et des coévêques. C’était, au contraire, la différence du pouvoir qu’il affirmait en termes explicites. La fraternité de tous n’exclut pas pour lui l’autorité d’un seul.

En écrivant à Anastasius, évêque de Salonique, sur les affaires qui ont été confiées à sa fraternité par l’autorité du bienheureux apôtre Pierre[2], il résume ainsi la notion du principe hiérarchique : « Entre les bienheureux apôtres eux-mêmes il y a eu dans la similitude d’honneur une différence de pouvoir ; et, si l’élection était égale pour tous, la prééminence sur les autres a été pourtant donnée à un seul. De cette forme est venue aussi la distinction des évêques, et il a été disposé, selon un grand ordre providentiel, que tous ne puissent s’arroger toute chose, mais que dans chaque province il y eût quelqu’un qui possédât sur les frères

  1. Épître de saint Léon. Ibid., col. 1147.
  2. Ibid., col. 668.