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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/328

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qu’au au fond de leur être, ne les régénère pas. L’âme du monde, la terre, voit dans l’éther lumineux l’image idéale de son céleste bien-aimé, mais elle ne s’unit pas à lui réellement. Cependant elle aspire toujours à cette union, elle ne veut pas se borner à contempler les cieux et les astres brillants, à se baigner dans les fluides éthérés, — elle absorbe la lumière, la transforme en feu vital et, comme fruit de cette nouvelle union, produit de ses entrailles toute âme vivante dans les deux règnes des plantes et des animaux. Cette nouvelle unité — l’unité organique, qui a la matière inorganique et les fluides éthérés comme base et comme milieu, est d’autant plus parfaite qu’elle forme et gouverne un corps plus compliqué par une âme plus active et plus universelle. Par les plantes, la vie est manifestée objectivement dans ses formes organiques ; elle est en plus sentie par les animaux dans ses mouvements et ses effets subjectifs ; enfin elle est comprise par l’homme dans son principe absolu.

La terre, qui à l’origine était vide, ténébreuse et informe, pour être ensuite graduellement enveloppée par la lumière, formée et différenciée, — la terre, qui, à la troisième époque cosmogonique seulement, avait vaguement senti et confusément exprimé, comme en un rêve, sa puissance créatrice dans les formes de la vie végétale — ces premières conjonctions de la poussière terrestre avec la beauté des cieux — la terre qui, dans ce monde des