Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/33

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ses faveurs du nestorianisme vaincu au monophysitisme naissant, qu’il fit accepter formellement par un concile quasi œcuménique (le brigandage d’Éphèse). Et après que l’autorité d’un grand pape eût prévalu sur celle d’un concile hérétique, les empereurs, plus ou moins secondés par la hiérarchie grecque, ne cessèrent pas de tenter de nouveaux compromis. L’hénoticon de l’Empereur Zénon, (cause d’une première scission prolongée entre l’Orient et l’Occident — le schisme d’Acacius), les entreprises perfides de Justinien et de Théodora furent suivies d’une nouvelle hérésie impériale, le monothélisme. — Il n’y a pas de volonté et d’action humaines dans l’Homme-Dieu, son humanité est purement passive, exclusivement déterminée par le fait absolu de sa divinité. — C’est la négation de la liberté et de l’énergie humaine, c’est le fatalisme et le quiétisme. — L’humanité n’a rien à faire dans l’œuvre de son salut : Dieu seul opère. Se soumettre passivement au fait divin, représenté quant au spirituel par l’Église immobile et quant au temporel par le pouvoir sacré du divin Auguste, voilà tout le devoir du Chrétien. — Soutenue pendant plus de cinquante ans par l’Empire et par toute la hiérarchie Orientale, à l’exception de quelques moines qui durent chercher un refuge à Rome, l’hérésie monothélite ne fut vaincue à Constantinople (en 680) que pour céder bien vite la place à un