Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur les forces et les phénomènes de la nature matérielle est un attribut de l’être humain en tant que celui-ci se trouve en une union parfaite avec la Divinité créatrice et toutepuissante. Une telle union, généralement étrangère à notre état actuel, n’est que le but idéal, l’avenir éloigné auquel nous aspirons ; et l’exercice d’un pouvoir appartenant à cet état futur est une anticipation de l’avenir ou un acte prophétique. Mais ce n’est pas le vrai prophétisme que celui du sorcier, qui ne possède et même ne connaît pas les conditions religieuses et morales du pouvoir surnaturel ; et s’il l’exerce réellement ce n’est que d’une manière purement empirique. D’un autre côté, même dans le cas où ce pouvoir magique n’est qu’une prétention frauduleuse, c’est néanmoins une anticipation, — ne fût-ce que dans le désir et l’aspiration, — d’un état supérieur, d’un avenir idéal réservé à l’homme. Et, en passant d’un sorcier africain à un vrai thaumaturge chrétien, comme saint François d’Assise, nous trouvons dans ses miracles le même pouvoir de la volonté humaine que possède ou prétend posséder, sur les forces de la nature extérieure, le magicien d’une tribu sauvage. Ce pouvoir est borné dans les deux cas ; car la force miraculeuse des plus grands saints n’a jamais été ni constante dans sa durée ni universelle dans son application. Mais la grande différence est que le saint connaît et possède la condition intérieure principale du pouvoir surnaturel pour l’homme —