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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/358

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et définitive. La faute n’en est pas à l’âme humaine mais à l’âme de ces sages et des nations qui adoptèrent leur doctrine. En s’arrêtant à un degré nécessaire mais inférieur du processus universel, ces nations n’arrêtèrent pas le progrès historique mais elles restèrent elles-mêmes en dehors du mouvement progressif de l’humanité plongée dans un particularisme barbare. L’âme universelle les abandonna et alla chercher chez d’autres nations des organes spirituels pour ses nouvelles unions avec l’essence divine. Par les sages, les poètes et les artistes inspirés de l’Hellade, elle comprit et aima l’Absolu, non plus comme le Néant du Bouddhisme, mais comme l’Idée platonique et le monde idéal, un système éternel des vérités intelligibles reflétées ici-bas dans les formes sensibles de la Beauté.

L’idéalisme hellénique était une grande vérité, plus positive et plus complète que le nihilisme indien, mais ce n’était pas encore la vérité parfaite et définitive, — tant que le monde idéal était considéré sous son aspect purement théorique et esthétique ; tant qu’il était seulement contemplé en dehors de la réalité et de la vie, ou réalisé exclusivement dans les formes superficielles de la beauté plastique. Si le monde idéal est plus vrai que le monde matériel, il ne peut pas être impuissant vis-à-vis de ce dernier. Il doit le pénétrer, le vaincre intérieurement, le régénérer. La lumière intelligible