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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/359

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du monde supérieur doit se transfuser dans la vie morale et pratique du monde inférieur ; la volonté divine doit s’accomplir sur la terre comme dans les cieux. Le Verbe de Dieu n’est pas seulement le soleil de la vérité qui se reflète dans le torrent troublé de la vie naturelle : il est encore l’ange bienfaiteur qui descend dans ce torrent pour en purifier les eaux, pour ouvrir, sous la bourbe des passions et sous le sable des erreurs humaines, la source de l’eau vive qui coule dans l’éternité. — La sagesse grecque, comme celle des Hindous, voulut s’arrêter définitivement au degré de la vérité qu’elle avait atteint. Le dernier mot de cette sagesse hellénique — la philosophie des néoplatoniciens — insista plus encore que Platon lui-même sur le caractère purement théorique ou contemplatif de la vie pratique. Le vrai sage, selon Plotin, doit être étranger à tout but pratique, à toute activité, à tout intérêt social. Il doit fuir le monde pour s’élever d’abord par la méditation abstraite jusqu’au monde intelligible et pour être ensuite extatiquement absorbé par l’abîme sans nom de l’unité absolue. Le Protée des erreurs humaines est au fond un être identique et cette identité se manifeste surtout dans les résultats définitifs des systèmes en apparence hétérogènes. Ainsi l’absorption finale dans l’Absolu inénarrable du néoplatonisme ne se distingue que dans les termes du Nirvâna bouddhique. Si les deux grandes nations aryennes se