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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/360

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bornèrent en dernier résultat à cette révélation négative de l’Absolu, la révélation positive se créa un organe national dans le peuple sémitique des Hébreux. La vie et l’histoire religieuse de l’humanité se concentrèrent dans ce peuple unique parce que lui seul cherchait, dans l’Absolu, le Dieu vivant, le Dieu de l’histoire : l’avenir définitif de l’humanité fut préparé et révélé dans ce peuple parce que lui seul voyait en Dieu, non seulement celui qui est mais aussi celui qui sera, Jahvé, le Dieu de l’avenir. Le salut est venu des Juifs et ne pouvait venir que d’eux parce qu’ils étaient les seuls à comprendre le vrai salut — non pas l’absorption dans le Nirvâna par un suicide moral et physique, non pas l’abstraction de l’esprit dans l’idée pure par une contemplation théorique, mais la sanctification et la régénération de tout l’être humain et de toute son existence par une activité vivante, morale et religieuse, par la foi et les œuvres, par la prière, le travail et la charité.

Si les Hindous et les Hellènes s’arrêtèrent à des aspects partiels de la divinité qu’ils eurent la folie de prendre pour le tout, transformant ainsi la vérité en erreur, les Hébreux avaient reçu, au moyen de leur religion révélée, le germe vivant de l’essence divine dans sa vérité complète et définitive.

Ce n’est pas que cette essence leur fût manifestée simultanément dans toute sa perfection absolue : au contraire ses manifestations étaient graduelles