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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/57

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historique de Jésus-Christ. N’ayant pas réussi à falsifier le dogme orthodoxe, il l’a réduit à une lettre morte ; il a voulu saper par la base l’édifice de la paix chrétienne en attaquant le gouvernement central de l’Église universelle ; il a remplacé dans la vie publique la loi de l’Évangile par les traditions de l’État païen. Les Byzantins ont cru qu’il suffisait, pour être vraiment chrétien, de garder les dogmes et les rites sacrés de l’orthodoxie sans se soucier de christianiser la vie sociale et politique : ils ont cru licite et louable de renfermer le christianisme dans le temple et d’abandonner la place publique aux principes païens. Ils n’ont pas eu à se plaindre de leur destinée. Ils ont eu ce qu’ils voulaient : le dogme et le rite leur sont restés, et ce n’est que la puissance sociale et politique qui est tombée dans les mains des Musulmans, — ces héritiers légitimes du paganisme.

La mission de fonder l’État chrétien, répudiée par l’empire grec, fut transférée au monde romano-germain, aux Francs et aux Allemands. Cette transmission fut accomplie par le seul pouvoir chrétien qui avait le droit et l’obligation de le faire — par le pouvoir de saint Pierre, possesseur des clefs du Royaume. Remarquons la coïncidence des dates. La première pierre du futur empire d’Occident fut posée, par le baptême et le sacre du roi franc Clovis, en 496, époque où le schisme d’Acacius, après