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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/58

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quelques tentatives infructueuses d’accommodement, semblait devoir séparer définitivement de l’Église catholique toute la chrétienté orientale. Le synchronisme de l’année 754 est encore plus remarquable : juste au moment où un grand concile iconoclaste à Constantinople confirmait, par l’apparence d’une autorité œcuménique, la dernière et la plus violente des hérésies impériales, spécialement dirigée contre l’Église romaine, le pape Etienne sacrait à Reims (ou à Saint-Denis ? — qui me le dira ?) le père de Charlemagne en lui disant : Quia ideo vos Dominus per humilitatem meam mediante S. Petro unxit in reges ut per vos sua sancta exaltetur Ecclesia et princeps apostolorum suam recipiat justitiam. La royauté carlovingienne se rattachait à la papauté par un rapport de filiation directe. Le pape, dit une vieille chronique, per auctoritatem apostolicam jussit Pippinum regem fieri. — Cet acte et ses conséquences nécessaires (la conquête de l’Italie par les Francs, la donation de Pépin et le couronnement de Charlemagne comme empereur romain) furent la cause réelle et prochaine de la séparation des Églises. Le pape, en transférant le sceptre impérial à un barbare occidental, devenait doublement étranger et hostile aux Grecs. Pour lui ôter tout point d’appui à Constantinople, il fallait seulement que les empereurs renonçassent définitivement à leurs velléités hérétiques, ce qui eût