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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/59

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permis l’union de tous les « orthodoxes » sous l’étendard anticatholique. Cela ne tarda pas à arriver : le « triomphe de l’orthodoxie » et le schisme de Photius furent la réponse byzantine au couronnement de Charlemagne. Il ne s’agissait pas d’une dispute théologique ni d’une rivalité hiérarchique : c’était le vieil empire de Constantin qui ne voulait pas céder la place à la nouvelle puissance occidentale née de l’alliance intime entre la papauté et le royaume franc. Tout le reste n’était que prétexte et accessoire. Ce qui confirme cette manière de voir, c’est qu’après Photius le schisme fut suspendu pendant un siècle et demi — juste à l’époque où la chrétienté occidentale, nouvellement organisée, semblait tomber en ruines ; quand la papauté, asservie à une oligarchie dépravée, perdait sa dignité morale et religieuse et que la dynastie carlovingienne se consumait en luttes intestines. Mais, dès que le pouvoir impérial fut restauré en passant dans les fortes mains des rois allemands, et qu’en même temps le siège de saint Pierre fut de nouveau occupé par des hommes apostoliques, — le mouvement anticatholique à Constantinople éclata avec violence et la séparation fut définitivement consommée.

L’empire franco-germain a fait des efforts sincères pour accomplir la mission que lui imposait sa dignité d’État chrétien. Malgré ses vices et ses désordres, la nou-