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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/214

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le maître de poste. De peur de le joindre, je n’entrai même pas dans la salle de thé ; je roulai une cigarette, et me mis à arpenter la galerie de bois à auvent qui régnait tout autour de la cour. La nuit était sombre et pluvieuse, comme l’avait prédit Ivan. Une mauvaise lampe à pétrole, sur le chambranle d’une porte, éclairait faiblement un des coudes de la galerie. Je marchais depuis quelques instants, quand cette porte s’ouvrit et livra passage à un voyageur qui commença une promenade en sens, inverse de la mienne. Sa silhouette me frappa tout d’abord ; elle avait ceci, de particulier qu’il était impossible de décider à quel sexe appartenait l’inconnu. Vous me direz que le cas n’est pas fort rare en Russie, où notre gracieux hiver, avec son accoutrement obligé, transforme la rue en un bal travesti de passants qui n’ont ni forme,