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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/112

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nom du Christ. C’est cela, la prière qui n’est jamais refusée.

Que ta volonté soit faite — quelle qu’elle soit.

Descends en moi pour accomplir par moi ta volonté — quelle qu’elle soit.

La foi, c’est croire que les actions accomplies après une telle prière seront moins éloignées de l’obéissance à Dieu que celles accomplies avant.

Si une action semble avoir été ordonnée par Dieu, on peut supplier Dieu d’aider à l’accomplir.

Mais seulement avec cette restriction sous-entendue : je te demande ton aide pour cette action seulement parce que je crois qu’elle est conforme à ta volonté et seulement pour le cas où elle le serait.

En même temps il faut désirer le succès d’une telle action aussi violemment qu’un avare désire de l’or ou un affamé du pain.

Car nous pouvons nous tromper sur la volonté de Dieu — mais nous pouvons regarder comme certain que Dieu veut que nous exécutions tout ce que nous croyons conforme à sa volonté.

Saint François croyait avoir reçu l’ordre d’apporter des pierres à saint Damien, et tant qu’il était dans cette illusion, Dieu voulait qu’il apporte des pierres.

Comment est-il possible que surgisse dans une âme humaine le sentiment que Dieu veut telle chose particulière ? C’est un prodige aussi miraculeux que l’Incarnation.

Ou plutôt c’est le prodige même de l’Incarnation. Une âme perpétuellement gouvernée par ce sentiment, de la naissance à la mort, c’est Dieu devenu homme.

L’art est une merveille de même espèce, car l’inspiration artistique, dans l’art de tout premier ordre (qui est très rare) est de cette nature. De même toute illumination de l’intelligence.

Tous ces prodiges consistent en présence de l’inconditionné dans le conditionné, en direction imprimée à la pensée par l’immobile.

Sans ce prodige, nous serions des êtres purement terrestres.