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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/141

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L’instant de la mort, intersection du temps et de l’éternité, point de rencontre des branches de la croix. Instant qui est aux autres instants du temps comme le Christ aux hommes. Il faut avoir le regard de la pensée fixé sur cet instant, et non sur la vie mortelle, ni non plus sur l’éternité, car l’ignorance où nous sommes de l’éternité fait qu’en y pensant l’imagination joue sans aucun frein.

Axiome : tout ce qui m’appartient est de valeur nulle. Car il y a par essence incompatibilité entre la valeur véritable et la propriété.


Que l’esclave attende le maître jusqu’à la défaillance totale du corps.

Cette attente peut avoir la forme d’une action épuisante, L’immobilité dont il s’agit est celle de l’âme, qui peut avoir lieu dans la plus grande agitation.

Pêcher toute la nuit sans rien prendre. La patience des pêcheurs est une forme, une belle image de la patience… (leur spiritualité propre devrait être fondée là-dessus. Spiritualité pour chaque métier.)

On a tort de dire que Dieu donne gratuitement et ne doit rien aux hommes. Nous ayant créés, il nous doit tout. Et en effet il nous donne tout. Mais il ne nous contraint pas à recevoir. Il nous demande de consentir à ce qu’il acquitte envers nous sa dette ; et nous refusons, ou bien nous consentons à moitié. La création étant acte d’amour est la création d’une faculté de libre consentement.

Ce qu’il nous doit, c’est de nous tenir en esclavage. C’est à être esclaves que nous avons à consentir.

S’il nous offrait la joie, la puissance et la gloire, il ne serait pas en notre pouvoir de refuser ses dons. Il choisit ses dons de telle manière que nous soyons libres de les refuser.

Il est en notre pouvoir, il est facile de refuser la croix.


Il ne faut pas chercher dans la pensée du surnaturel, ici-bas ou après la mort, un relâchement des chaînes de