Aller au contenu

Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(Si le christianisme disparaissait, serait-il suivi d’ici quelques siècles d’une autre religion, et procéderait-elle d’une nouvelle incarnation ?)

Aujourd’hui, pour un fils de parents juifs ou athées, être baptisé constitue une adhésion à un groupe social qui est l’Église, comme prendre la carte d’un parti constitue une adhésion à ce parti.

Il y a usurpation. L’épouse du Christ s’est conduite à la manière de Clytemnestre. Épouse usurpatrice et adultère.

[À propos de Clytemnestre et d’Oreste soustrait au massacre et caché en pays étranger, un thème revient partout, c’est celui du Dieu enfant fugitif, exilé, caché, élevé en secret. Zeus, Dionysos, le Christ… Cela signifie entre autres le secret profond qui doit entourer même à l’égard de la conscience elle-même la croissance du germe d’amour surnaturel déposé dans l’âme.]

La parabole du semeur indique que Dieu répand continuellement sa grâce d’une manière absolument égale sur tous ; la parabole des ouvriers de la onzième heure indique que Dieu accorde une récompense absolument égale à tous ceux qui répondent à son appel en consacrant leur corps à lui obéir. Après cela, comment ose-t-on imaginer de l’inégalité en matière spirituelle ? On la constate ici-bas ; mais la cause doit en être rapportée aux hommes, et Dieu l’efface en ceux qu’il cache en lui.

Dieu est conçu comme étant cause indirectement de tout, mais directement seulement du spirituel pur. Ainsi selon la causalité indirecte Il est tout-puissant ; mais cette toute-puissance se définit comme une abdication volontaire en faveur de la nécessité. Selon la causalité directe, la puissance de Dieu ici-bas est un infiniment petit.

Tout ce qui est bien pur est ordonné par Dieu. Tout ce qui se produit, sans aucune distinction, est permis, c’est-à-dire consenti par Dieu. Mais ce consentement est une abdication. Ce n’est donc pas l’exercice d’une royauté.

« Ta royauté », c’est le bien pur. « Que ton règne