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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/309

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Dieu, en créant par surabondance de bonté, a donné occasion au mal d’exister.

L’unique raison de penser que l’univers est bon, c’est que Dieu, sachant éternellement quel mal s’y produirait, a éternellement voulu le créer.

Dieu n’est pas prouvé par la bonté de l’univers, mais la bonté de l’univers par Dieu ; ou plutôt c’est matière de foi.

Mais l’univers est beau, y compris même le mal, qui, pris dans l’ordre du monde, a une sorte de beauté terrible. Cela, nous le sentons.


Se mettre à la place d’autrui, c’est désirer davantage pour lui le soulagement matériel que le progrès spirituel.

si la hiérarchie des désirs est telle en lui.

Cependant on ne doit pas se mettre à la place d’un autre dans la mesure où il désire léser le prochain.

Mais désirer le progrès spirituel d’un être qui lui-même n’a pas ce désir, c’est autre chose que compatir.

La compassion peut peut-être faire davantage pour le faire progresser.

Rufinus, histoire des moines d’Égypte, P. L., XXI, 387. Un saint ermite demande qu’il lui soit révélé à quel saint il est pareil. La réponse, un chanteur de village. Cet homme était jusqu’à peu auparavant un voleur. Interrogé s’il a jamais fait une bonne action, en cherchant bien il finit par se souvenir que sa bande a une fois capturé une religieuse ; qu’il a empêché les autres de la violer, et l’a ramenée chez elle intacte. Une autre fois, il donne à une femme, dont le mari et le fils sont en prison et torturés pour des arriérés d’impôts, (c’est là l’empire chrétien !) de quoi payer l’arriéré. Elle était jolie, et s’était offerte à lui comme esclave, et n’avait pas mangé depuis 3 jours. Entendant cela, le saint en fait un moine.

Une autre fois, à la même question, la réponse est le chef du village. Il n’avait jamais rompu la chasteté, sinon pour engendrer trois fils.

Pratiqué l’hospitalité et la justice. Toujours cherché