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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/110

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l’unité en chaque matière de se perdre dans l’indéfini. Les dieux nous ont donné cette méthode pour chercher, s’instruire et enseigner… » (On ne sait plus l’appliquer.)


Exemples. Grammaire. Voix, multitude de sons émis par la voix. Savoir combien de lettres et quelles.

Musique.

De même le chemin inverse, pour aller de l’indéfini à l’un. Teuth, inventeur des lettres, a d’abord posé les voyelles, puis les consonnes, puis les muettes ; a compté tout cela ; les a unies du nom commun de lettres.

Plus loin (26, b) :


« C’est à partir de ces deux espèces de choses qu’ont été produites pour nous les saisons et tout ce qui est beau, à savoir du mélange des choses illimitées et de celles qui enferment une limite. »


Noter qu’ici apparaît la notion de beauté (voir passage du Banquet).

Il faut remarquer :

1o Cette théorie est spécifiquement pythagoricienne (cf. Philolaos et Phérékydès), mais les pythagoriciens, dont l’origine remontait à peine à un siècle, ne peuvent pas être ces « anciens » dont parle Platon. Il s’agit donc d’une tradition plus ancienne, orphisme ou mystères d’Éleusis.

Cette tradition comportait à la fois une théorie des inventions primitives (écriture, musique, certaines techniques), une théorie de l’invention en général, et une théorie de l’ordre du monde. Le tout repose sur un même principe, à savoir le mélange de l’illimité et du limité. Ce principe constitue également (dans ce même dialogue) un principe de morale [et, dans le Politique, un principe de politique].

Platon, à propos de cette tradition, fait allusion à Prométhée. Eschyle présente Prométhée comme l’auteur des inventions primitives, de la compréhension des saisons, des révolutions des astres, et du nombre.

Sans forcer les rapprochements, on peut remarquer :