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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/142

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nous la saisissons elle-même dans son éclat si manifeste. » Force du mot elle-même. Présence réelle de Dieu dans le beau. Sacrement. (Vrai mais dangereux.)

5. Réminiscence. Sens de cette comparaison. Ressemblance entre inspiration et souvenir. Le passé est une réalité (n’est nullement imaginaire), mais absente ; et nous n’avons aucun moyen d’aller vers lui. Il faut qu’il vienne à nous. Nous ne pouvons que nous tourner vers lui.


« Eau froide qui jaillit du lac de la Mémoire. »


(Les choses belles sont comme ce qu’on nomme des « souvenirs ». De même les sacrements.)

L’âme une fois tombée, problème du salut. Trois voies : justice, amour, connaissance. Trois médiateurs : le Juste, l’Amour, Prométhée. Trois, ou le même ? Le même.

(Il y en a un quatrième : l’Âme du Monde, et une quatrième voie : microcosme.)


Sur le Banquet.

Dialogue orphique. (N. B. deux amours : divin, démoniaque.)

L’Amour apparaît d’abord comme l’Amour orphique, créateur, ordonnateur, auteur de l’harmonie.

Eryximaque (hippocratique)[1] : « Ce Dieu grand et merveilleux a rapport à tout, dans les choses divines comme dans les choses humaines. »

« Les choses ennemies et contraires, l’Amour y imprime (ἐμποιῆσαι) la concorde. » Ainsi médecine, agriculture, gymnastique, musique viennent de lui. (Prométhée ; cf. Philèbe.) « La musique est la science de l’amour qui concerne l’harmonie et le rythme. »

Héraclite : « Le un, porté en sens contraire, se rejoint dans le même sens, comme l’harmonie de l’arc et de la lyre. »

L’Amour ordonnateur, τοῦ κοσμίου ἔρωτος. Cause de l’harmonie des saisons, des astres, etc.

  1. Banquet, 186 a-b, d-e, 187 c, 188 b-d.