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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/149

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FRAGMENTS D’HÉRACLITE[1]

1. Quant au λόγος, ce λόγος éternellement réel, les hommes à ce sujet sont sans compréhension tant qu’on ne leur en a pas parlé et quand on commence à leur en parler. Alors que toutes choses se produisent conformément au λόγος, on croirait qu’ils n’en ont pas fait l’expérience. Alors qu’ils ont en fait l’expérience de paroles et de faits analogues à ceux que je décris en distinguant chaque chose selon sa nature, et en expliquant comment elle est. Les autres hommes ne savent pas ce qu’ils font étant éveillés, de même qu’ils ne savent plus ce qu’ils ont fait [en rêve] dans leur sommeil.

2. … C’est pourquoi il faut s’attacher au commun. Car le commun unit. Mais lorsque le λόγος est commun aux êtres vivants, la plupart s’approprient leur pensée (φρόνησις) comme une chose personnelle.

3. (Le soleil a) la grandeur d’un pied humain.

4. Si la félicité résidait dans les plaisirs du corps, nous dirions que les bœufs ont la félicité quand ils trouvent du foin à brouter.

5. Vainement les hommes souillés de sang par le sang se purifient ; comme si quelqu’un qui est tombé dans la boue se lavait avec de la boue. Si on voyait un homme agir ainsi on le croirait fou. Et ils prient les images des dieux, comme si on s’entretenait avec une maison. Ils ne savent pas ce que sont les dieux et les héros.

6. Le soleil est nouveau chaque jour.

  1. Traduction de la plupart des fragments d’Héraclite édités par Diels, Fragmente der Vorsokratiker, 5e éd., I, pp. 150-179.