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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/95

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connues, mais encore (τὸ εἶναι καὶ τὴν οὐσίαν) la réalité et l’être leur viennent de lui, quoique lui-même ne soit pas un être, mais quelque chose qui est encore au-dessus de l’être par la dignité et par la vertu[1]. »


Réel et imaginaire dans la vie spirituelle.


« Ne pense pas que l’éducation soit ce que quelques-uns publient qu’elle est. Car ils affirment que la science n’étant pas dans l’âme ils vont l’y mettre, comme s’ils allaient mettre la vue dans des yeux aveugles. Or ce que nous avons dit montre que la faculté d’apprendre et l’organe de cette faculté existe dans l’âme de chacun. Mais elle y existe comme un œil qui ne pourrait pas, sinon accompagné par le corps tout entier, se tourner vers la lumière et quitter les ténèbres. Ainsi c’est avec l’âme tout entière qu’il faut se détourner du devenir (du temporel) jusqu’à ce qu’elle devienne capable de supporter la contemplation de la réalité (τὸ ὄν) et de ce qu’il y a de plus lumineux dans la réalité, c’est-à-dire du bien. Ainsi ce qu’il faut ici, c’est une méthode de la conversion, donnant la manière la plus facile et la plus efficace de faire que l’âme se tourne. C’est tout autre chose qu’une méthode pour mettre dans l’âme la vue. Car elle a la vue, mais elle ne la dirige pas bien, elle ne regarde pas où il faut, et c’est à cela qu’il faut arriver[2]. »


Quelques remarques.


La vue est l’intelligence, l’orientation juste est l’amour surnaturel.


Quoique Platon s’exprime en termes strictement impersonnels, ce bien qui est l’auteur et de l’intelligibilité et de l’être de la vérité, n’est pas autre chose que Dieu. Seulement Platon se sert du mot auteur pour indiquer que Dieu est une personne. Ce qui agit est une personne.

  1. République, VI, 507 b-509 b.
  2. République, VII, 518 b-d.