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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/160

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cer deux fois une expérience, il n’y a pas de physique. La conception des atomes fait aussitôt apparaître le succès de la physique à l’échelle humaine comme un hasard.

Le lien des deux physiques, la physique des atomes et celle des phénomènes que nous percevons, ne peut être établi que par la probabilité. La probabilité est inséparable du hasard, et par elle le hasard est une notion expérimentalement contrôlable. Quand, dans les jeux de hasard, je considère l’ensemble continu des causes et le petit nombre de catégories entre lesquelles se répartissent les effets, j’affirme que, bien que chaque effet découle rigoureusement d’une cause, il n’y a absolument rien dans l’ensemble des causes qui corresponde à ces catégories ; affirmer le hasard, c’est cela. Dès lors ces catégories ont toutes un rapport identique à l’ensemble des causes qui leur est pareillement indifférent. C’est ce que j’exprime en disant qu’elles sont également probables. La notion de probabilité implique toujours une répartition entre probabilités égales. Si je considère à présent un dé dont cinq faces portent le chiffre un et la sixième le chiffre deux, il y a toujours six probabilités égales, mais cinq d’entre elles coïncident ; c’est ainsi seulement qu’on peut concevoir les probabilités inégales. Quant au rapport de la probabilité à l’expérience, il est analogue au rapport de la nécessité à l’expérience ; l’expérience présente une image de nécessité quand, en faisant varier une cause, on obtient des effets qui varient comme une fonction ; elle présente une image de la probabilité quand la répartition des effets entre catégories se rapproche de plus en plus des proportions indiquées par le calcul à mesure que les effets s’accumulent. Si l’expérience refuse une telle image, on procède comme lorsqu’elle refuse une image de