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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/161

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la nécessité ; on suppose qu’on a omis des facteurs dans le calcul.

La tâche de la physique classique transportée parmi les atomes était difficile. Elle devait concevoir des particules très petites et non divisibles, mues par des mouvements soumis aux nécessités de la mécanique classique ; ces mouvements devaient être tels qu’ils fussent unis par des nécessités aux phénomènes observables à l’échelle du microscope, et par des probabilités rigoureusement reconstruites aux phénomènes observables à l’échelle humaine et dont les variations régulières avaient fait jusque-là le seul objet de la physique. La physique classique regarde une pierre soulevée comme un seul point décrivant une trajectoire verticale rectiligne ; elle regarde, en somme, toute la pierre comme un seul atome, et c’est ainsi qu’elle calcule l’énergie. Si au lieu de cela on imagine les combinaisons compliquées des mouvements que décrivent les particules de la pierre et de l’air, il faut, grâce aux notions de hasard, de probabilité, de moyenne, d’approximation, retrouver la formule précédemment calculée. Il fallait ou établir un tel lien, ou renoncer complètement à l’une des deux physiques ; c’est du moins ce qui devait sembler évident ; mais l’événement fut autre. On ne put établir ce lien qu’en supposant les atomes soumis à des nécessités différentes de celles de la physique classique.

Comme la science tout entière se réduisait à l’étude de l’énergie, ce fut dans cette étude, transportée par l’intermédiaire des hypothèses à l’échelle moléculaire, qu’une si étrange transformation apparut d’abord. Planck a raconté comment cela s’est produit. Il cherchait l’expression d’une relation entre l’énergie et la température. À cette fin, il considéra un cas où le régime des échanges d’énergie