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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/180

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mouvements, et en se fabriquant des objets solides, de forme bien définie, instruments de jeu ou de travail, ou encore, comme la balance, de mesure. Il ne trouve pas des systèmes définis tout faits dans la nature autour de lui, ou plutôt il en trouve un seul. C’est celui que constituent les astres. Les astres sont des objets séparés, distincts ; l’apparence de beaucoup d’entre eux est immuable si elle n’est altérée par l’accident des nuages ; le nombre de ceux qu’on voit à l’œil nu, ou qu’on voit avec des instruments donnés, est fini, quoiqu’il soit très grand ; les apparences du ciel nocturne correspondant aux diverses formes que prend la lune, à telles et telles positions relatives du soleil, de la lune, des planètes, des étoiles, s’ordonnent en séries parfaitement définies. Les apparences du ciel nocturne forment un système si rigoureusement défini, si bien clos, si bien défendu contre les accidents, quoiqu’une part y soit faite aussi aux accidents grâce aux comètes et aux étoiles filantes, que certains jeux peuvent seuls fournir à la pensée humaine un ensemble de combinaisons aussi maniable ; mais le choix du joueur à chaque coup met dans tout jeu une part d’arbitraire qui ne se trouve pas parmi les astres, et l’attente du joueur qui médite son coup, la durée incertaine et variable d’une partie, empêchent qu’il y ait dans aucun jeu le rythme invariable qui règne dans le ciel. Les astres, ces objets merveilleux, brillants, inaccessibles, au moins aussi lointains que l’horizon, que nous ne pouvons jamais ni changer ni toucher, qui ne touchent en nous que les yeux, sont ce qu’il y a de plus loin et de plus près de l’homme ; seuls dans l’univers ils répondent au premier besoin de l’âme humaine ; ils sont comme un jouet donné à l’homme par Dieu. La divination, qui se sert parfois des