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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/196

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renonce à la comprendre. D’une part, les travaux de Copernic, Kepler, Galilée, Newton, ont amené à attribuer certains mouvements à la terre et aux différents corps célestes ; d’autre part, une série d’expériences à abouti à une certaine mesure de la vitesse de la lumière ; enfin certaines expériences de la fin du xixe siècle firent regarder la vitesse de la lumière comme constante dans toutes les directions. Ces résultats sont contradictoires ; une vitesse finie ne peut pas être constante dans toutes les directions si on la mesure à partir d’un système qui se trouve lui-même en mouvement dans une certaine direction. Néanmoins Einstein traduisit en formules algébriques ces conclusions inconciliables entre elles, combina les formules comme si elles pouvaient être vraies en même temps et en tira des équations. Il se trouve que dans ces équations la lettre qui représente le temps et chacune de celles qui correspondent aux trois coordonnées de l’espace figurent d’une manière symétrique. La traduction de ces équations en langage vulgaire a produit les paradoxes qui ont procuré à Einstein une renommée d’assez mauvais aloi, tel que celui du temps regardé comme une quatrième dimension.

Le paradoxe des quanta n’est pas moins violent, il l’est peut-être davantage, quoique moins frappant au premier abord ; de plus, il est antérieur en date. La théorie des quanta, dont Planck est le premier auteur, et qui constitue aujourd’hui encore la préoccupation principale des physiciens, porte sur la notion centrale de la science, la notion d’énergie. Elle consiste à considérer l’énergie, ou bien l’action, produit de l’énergie par le temps, comme une grandeur qui varie d’une manière discontinue, par bonds successifs, et ces bonds sont ce qu’on nomme les quanta. Or tout l’effort de la science, depuis Galilée, a