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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/199

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qu’un corps peut accomplir, grâce à sa seule position, au moyen d’une impulsion infiniment petite, comme lorsqu’une bille se trouve sur une table ; le théorème de la conservation de l’énergie pose que, dans un système purement mécanique, la somme de l’énergie cinétique et de l’énergie potentielle reste constante tant qu’aucun travail n’est accompli par l’extérieur sur ce système ou par ce système sur l’extérieur.

La grande idée du xixe siècle fut d’assimiler à des travaux, au moyen d’équivalences numériques, les changements autres que des déplacements. Joule commença. Si on laisse tomber d’un mètre un poids d’un kilo qui dans sa chute, au moyen d’une poulie, fasse tourner un petit moulin à palettes placé dans un récipient plein d’eau, la température de l’eau s’élève ; l’énergie calorifique qui produit cette élévation de température est égale à un kilogrammètre. Joule vérifia que plusieurs procédés mécaniques différents permettent toujours, au moyen de la même dépense d’énergie mécanique, d’élever la même masse d’eau de 0° à 1°. Après beaucoup d’expériences analogues, les savants du xixe siècle posèrent que dans tout phénomène il y a accroissement ou diminution d’une énergie équivalente à de l’énergie mécanique ; ce principe trouve un grand nombre d’heureuses applications dans l’étude des phénomènes chimiques et électriques. Le principe fondamental de la science du xixe siècle est qu’on doit pouvoir, au sujet de tout phénomène, se représenter au moins théoriquement soit la production de ce phénomène au moyen du déplacement d’un poids, soit le déplacement d’un poids au moyen de ce phénomène. Le mot d’énergie n’a pas d’autre sens, et c’est pourquoi toute espèce d’énergie se mesure en ergs, unité définie par l’élévation d’un poids.